Qu’est-ce que l’AJPA ?
L’AJPA est versée par la Caisse d’Allocations Familiales (CAF), ou la Mutualité Sociale Agricole, MSA, pour le régime agricole. L’allocation a été mise en place le 30 septembre 2020 dans le cadre de la reconnaissance du rôle essentiel des aidants familiaux.
Elle est volontairement souple : vous pouvez la mobiliser pour une absence de quelques jours, pour un congé de plusieurs semaines ou mois, ou même pour un aménagement en temps partiel (par exemple prendre une demi-journée par-ci par-là selon les besoins).
Qui peut en bénéficier ?
L’AJPA s’adresse à tous les proches aidants qui remplissent certaines conditions, qu’ils soient salariés du privé, agents publics, travailleurs indépendants, demandeurs d’emploi indemnisés ou stagiaires en formation professionnelle.
. Voici les principaux critères d’éligibilité :
- Résidence : Le demandeur doit résider en France de façon stable et régulière. À noter qu’actuellement, la personne aidée doit elle-même résider en France ; la législation exclut encore le cas d’un proche aidé vivant à l’étranger.
- Situation professionnelle : Le demandeur doit se trouver dans l’un des cas suivants :
- Salarié du secteur privé ou agent de la fonction publique ayant demandé un congé de proche aidant à son employeur. Il n’y a pas de condition d’ancienneté pour prendre ce congé (la condition d’un an d’ancienneté a été supprimée fin 2019).
- Salarié employé à domicile (particulier employeur) ou travailleur indépendant cessant ou réduisant son activité professionnelle pour aider un proche.
- Demandeur d’emploi indemnisé ou stagiaire de la formation professionnelle rémunérée interrompant sa recherche d’emploi ou sa formation le temps d’aider le proche. Dans ce cas, il faudra signaler la suspension de la recherche d’emploi à Pôle Emploi, car on ne peut cumuler l’AJPA avec l’indemnisation chômage normale.
- Lien avec la personne aidée : Le demandeur doit être un proche aidant “non professionnel” de la personne en perte d’autonomie. Il peut s’agir par exemple du conjoint, concubin ou partenaire Pacsé, d’un ascendant ou descendant (parent, enfant, grands-parents, petit-enfant), d’un collatéral jusqu’au 4ᵉ degré (frère, sœur, oncle, tante, neveu, nièce, cousin germain), ou encore d’une personne âgée ou handicapée avec laquelle il vit ou entretient des liens étroits et stables. Important : l’aidant doit intervenir à titre non professionnel, de façon régulière et fréquente, pour accomplir tout ou partie des actes de la vie quotidienne de la personne aidée. En clair, vous ne devez pas être rémunéré comme salarié pour cette aide (voir non-cumul plus bas).
- Dépendance de la personne aidée : La personne que vous aidez doit présenter un handicap ou une perte d’autonomie grave, attesté par l’un des critères suivants :
- un taux d’incapacité permanente d’au moins 80 % reconnu par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), par exemple, titulaire de la carte d’invalidité ou de la Prestation de Compensation du Handicap ;
- ou une perte d’autonomie classée GIR 1 à 4 (les niveaux les plus élevés de dépendance) donnant droit à l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA);
- ou être bénéficiaire d’une pension d’invalidité (ou rente d’accident du travail) avec majoration pour tierce personne, c’est-à-dire nécessitant l’aide d’une tierce personne pour les actes courants.
Exemple concret : Marie est salariée et aide régulièrement sa sœur lourdement handicapée (taux d’incapacité 80 % reconnu par la MDPH). Pour se consacrer à sa sœur durant deux mois, Marie demande un congé de proche aidant à son employeur. Elle pourra alors bénéficier de l’AJPA pendant ces deux mois, car elle remplit les conditions : elle réside en France, elle a un lien familial (sœur) et intervient de manière régulière pour une personne avec un handicap ≥ 80 %. Si Marie était demandeuse d’emploi indemnisée, elle aurait pu suspendre temporairement sa recherche d’emploi pour aider sa sœur et toucher également l’AJPA pendant cette période.
. En revanche, si la sœur de Marie n’avait pas de reconnaissance de handicap ou d’APA (par exemple handicap léger < 80 %), Marie n’aurait pas pu bénéficier de l’AJPA car la condition de gravité de la perte d’autonomie n’était pas remplie.
Montant de l’allocation et durée de versement
Montant journalier – L’AJPA est versée sous forme d’indemnités journalières. Au 1ᵉʳ janvier 2025, son montant est de 65,80 € par jour (ou 32,90 € par demi-journée si l’absence est prise en demi-journées). Ce montant est identique pour tous, quel que soit le statut familial, et il est revalorisé régulièrement (indexé sur l’évolution du SMIC net).
. Note : Ce montant n’est pas soumis à condition de ressources (les revenus du foyer importent peu) mais il est imposable au même titre qu’un revenu de remplacement. L’AJPA n’ouvre pas de droits aux congés payés, mais elle compte pour la retraite : elle ouvre droit automatiquement à l’assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) pour valider des trimestres de retraite pendant la période d’aide.
Durée maximale indemnisée – L’AJPA peut être versée par journée ou demi-journée d’arrêt de travail, dans la limite de 22 jours indemnisables par mois (on considère généralement les jours ouvrés du mois). Il existe un plafond global de jours indemnisés : initialement fixé à 66 jours au total, correspondant à environ 3 mois de congé, sur l’ensemble de la carrière de l’aidant. Ce plafond de 66 jours était initialement un plafond unique, peu importe le nombre de proches aidés. Cependant, une évolution récente permet de prolonger la durée dans certains cas : à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, si vous avez épuisé vos 66 jours d’AJPA pour aider une première personne, vous pouvez recharger un nouveau droit de 66 jours pour une autre personne aidée.
En pratique, cela signifie que vous pourrez bénéficier de l’allocation jusqu’à 4 fois au cours de votre vie professionnelle si vous aidez successivement (ou simultanément) jusqu’à quatre proches différents, soit un maximum de 264 jours indemnisés au total.
Par exemple, si Jean a déjà utilisé 66 jours d’AJPA pour s’occuper de son père, et qu’il doit plus tard aider sa conjointe en situation de handicap, il pourra à nouveau percevoir 66 jours d’AJPA pour sa conjointe (total cumulé 132 jours).
Au maximum, un aidant qui accompagnerait quatre proches différents (par exemple ses deux parents, son conjoint et un enfant handicapé) au cours de sa vie pourrait bénéficier de 4 × 66 = 264 jours indemnisés.
(Attention : si plusieurs proches sont aidés en même temps, l’aidant ne peut pas cumuler plusieurs AJPA le même jour. Il dispose simplement d’un « crédit » de jours par personne aidée qu’il peut utiliser.)
Durée du congé proche aidant – Pour les salariés, il faut noter que le congé de proche aidant lui-même est également limité en durée. Sauf dispositions plus favorables dans votre convention collective, le congé est de 3 mois maximum, renouvelable, avec un plafond d’1 an sur l’ensemble de la carrière du salarié pour un même aidant.
La réforme 2025 sur l’AJPA étend le nombre de jours indemnisables pour différents proches, ce qui sous-entend qu’un aidant pourrait prendre jusqu’à 12 mois de congés étalés sur sa carrière si c’est pour des proches distincts. Il est prudent de se renseigner si cette limite d’un an pourra être étendue en pratique en cas de multiples proches aidés (des ajustements législatifs peuvent préciser ce point). En tout état de cause, l’AJPA ne couvre que jusqu’à 66 jours par personne aidée, donc au-delà de 3 mois d’absence pour le même proche, le congé reste non indemnisé par l’AJPA (sauf aides éventuelles de l’employeur ou autres dispositifs).
Démarches pour faire la demande
- Obtenir le congé (pour les salariés) – Si vous êtes salarié(e) du privé ou agent public, vous devez d’abord informer votre employeur de votre souhait de prendre un congé de proche aidant. Prévenez-le dans les délais requis (par exemple 1 mois à l’avance, ou 48h en cas d’urgence grave attestée) ou selon les conditions de votre convention collective. La demande se fait par lettre ou email recommandé indiquant les dates de congé souhaitées.
Si vous êtes travailleur indépendant ou demandeur d’emploi, vous n’avez évidemment pas d’employeur à prévenir, vous pouvez passer directement à l’étape de demande d’allocation.
- Demande d’allocation auprès de la CAF/MSA – L’AJPA est gérée par la CAF (Caisse d’Allocations Familiales) ou par la MSA pour les agriculteurs. La démarche dépend de votre situation :
- Si vous êtes déjà allocataire CAF, la manière la plus simple est de faire la demande en ligne sur votre espace personnel CAF – Mon Compte, rubrique « Demander une prestation ».
- Si vous n’êtes pas allocataire CAF (aucune prestation en cours) ou si vous relevez de la MSA, il faut remplir un formulaire papier. Le formulaire administratif officiel s’intitule “Demande d’allocation journalière du proche aidant (AJPA)”. Vous pouvez le télécharger sur le site de la CAF ou de la MSA, ou le retirer auprès de votre caisse. Remplissez ce formulaire en joignant les pièces justificatives demandées : généralement une attestation de l’employeur ou votre déclaration sur l’honneur de cessation d’activité, et des justificatifs sur la personne aidée (par ex. notification MDPH ≥ 80 % ou justificatif d’APA pour GIR 1-4).
Une fois le dossier complété, envoyez-le (par courrier ou en ligne si téléchargeable) à votre CAF (ou MSA) de domiciliation.
. La caisse étudiera votre droit et, si tout est en ordre, accordera l’allocation.
- Justifier des jours pris chaque mois – Le versement de l’AJPA se fait a posteriori, chaque mois. En fin de mois, votre CAF/MSA vous adressera une attestation mensuelle à faire remplir pour certifier les jours où vous n’avez pas travaillé du fait de l’aide apportée.
. Concrètement :
- Si vous êtes salarié ou agent public en congé proche aidant, cette attestation mensuelle devra être remplie par votre employeur (il confirme les dates de congé effectif).
- Si vous êtes travailleur indépendant ou chômeur indemnisé, c’est vous-même qui remplissez l’attestation en déclarant les jours où vous avez interrompu votre activité ou recherche d’emploi pour aider le proche.
Vous devez ensuite retourner l’attestation datée et signée à votre CAF/MSA.
Ce document déclenche le paiement de l’allocation pour les jours validés. Astuce : Retournez l’attestation le plus tôt possible en fin de mois pour éviter tout décalage de paiement. L’AJPA sera versée mensuellement, généralement en même temps que les autres prestations CAF le cas échéant.
- Renouvellement ou prolongation – Si vous prolongez votre congé au-delà de la période initialement prévue (dans la limite des droits), pensez à renouveler la demande de congé auprès de l’employeur (si salarié) au moins 15 jours avant la fin initiale.
Du point de vue de l’AJPA, tant que vous n’avez pas atteint le maximum de 66 jours (ou plus si plusieurs proches) et que les attestations mensuelles sont fournies, le versement continue. En cas de nouveau proche aidé ouvrant droit à une nouvelle période d’AJPA, il faudra déposer une nouvelle demande d’allocation pour cette personne (avec pièces justificatives relatives à ce nouveau proche aidé).
Exemple de démarche : Paul, travailleur indépendant, décide de réduire son activité pendant 4 mois (du 1er mars au 30 juin) pour s’occuper de son fils handicapé. Il télécharge le formulaire AJPA sur caf.fr, le complète et l’envoie à sa CAF début mars avec la copie de la décision MDPH justifiant le handicap de son fils. Chaque fin de mois, il remplira lui-même l’attestation mensuelle en indiquant les jours où il a cessé son activité pour son fils, et l’adressera à la CAF. Celle-ci lui versera l’AJPA pour mars, avril, mai et juin (22 jours max par mois) directement sur son compte bancaire. Si besoin de prolonger en juillet, Paul veillera à ne pas dépasser 66 jours au total et ferait éventuellement une nouvelle demande au-delà (par exemple si un autre de ses proches devait à son tour être aidé).
Articulation avec le congé proche aidant et autres dispositifs
Congé de proche aidant – L’AJPA est intimement liée au congé de proche aidant (CPA). Pour les salariés du privé, ce congé (non rémunéré par l’employeur) est le cadre qui permet de cesser temporairement le travail pour être aidant.
En l’absence d’autre disposition, l’employeur ne paye pas de salaire pendant ce congé, et c’est donc l’AJPA qui indemnise en partie ce temps non travaillé. Le congé de proche aidant peut être pris en une seule fois, fractionné (par journées ou demi-journées, avec accord de l’employeur), ou transformé en temps partiel. À noter que le salarié conserve ses droits acquis pendant le congé : la période compte pour l’ancienneté dans l’entreprise et il retrouve son poste ou un poste équivalent au retour.
De plus, comme mentionné, les aidants en congé bénéficient de l’assurance vieillesse des aidants (AVA) qui valide des trimestres retraite gratuitement.
Dans la fonction publique, un dispositif semblable existe (congé de proche aidant dans la fonction publique) avec des règles spécifiques mais donnant également droit à l’AJPA.
Non-cumul avec d’autres aides – L’AJPA ne peut pas être cumulée avec certains revenus ou allocations, afin d’éviter les doublons. D’après les règles officielles, vous ne pouvez pas percevoir l’AJPA si vous êtes :
- Sans emploi non indemnisé ou retraité : Une personne sans aucune activité professionnelle et sans indemnisation chômage n’est pas éligible. Par exemple, un retraité aidant son conjoint ne peut pas toucher l’AJPA (il existe d’autres formes de soutien éventuelles, mais l’AJPA vise à compenser une perte de salaire, or un retraité n’a pas de salaire à remplacer). De même, une personne au foyer sans emploi ni allocation chômage ne peut pas prétendre à l’AJPA (elle n’a pas “d’activité à suspendre”).
- Rémunéré(e) par le proche aidé : Si la personne aidée vous emploie via l’APA ou la PCH, vous payant un salaire ou un dédommagement en tant qu’aidant familial, vous ne pouvez pas cumuler avec l’AJPA. Par exemple, certains aidants sont rémunérés par leur parent via l’allocation APA à domicile ou via la Prestation de Compensation du Handicap – dans ce cas, c’est soit l’un soit l’autre, mais pas les deux.
- En congé maternité, paternité, adoption : Ces congés spéciaux sont déjà indemnisés par la Sécurité sociale, donc on ne peut pas percevoir l’AJPA en même temps. Il faudra attendre la fin de ces congés pour éventuellement prendre un congé aidant.
- Bénéficiaire de certaines allocations handicap/famille : on ne peut combiner l’AJPA avec l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH), ni avec l’Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé (AEEH), ni avec l’Allocation Journalière de Présence Parentale (AJPP) ou l’Allocation Journalière d’Accompagnement d’une Personne en Fin de Vie (AJAP). Ces dernières allocations sont des dispositifs similaires destinés à d’autres situations : par exemple, l’AJPP indemnise les parents qui cessent de travailler pour s’occuper d’un enfant gravement malade ou handicapé (avec un maximum de 310 jours sur 3 ans, différent de l’AJPA) et l’AJAP concerne l’accompagnement d’un proche en fin de vie (congé de solidarité familiale, 21 jours indemnisés par l’Assurance Maladie). Si vous êtes éligible à l’une de ces allocations, vous ne toucherez pas l’AJPA simultanément.
En résumé, l’AJPA se cumule avec les allocations familiales classiques ou les aides au logement sans problème, mais pas avec une autre indemnité de congé ou un revenu de remplacement similaire. Par exemple, un salarié ne peut pas toucher en même temps l’AJPA et des indemnités journalières de maladie ou de maternité. S’il tombe malade pendant son congé aidant, il devra choisir (suspendre l’AJPA le temps de l’arrêt maladie indemnisé, en général).
Autres aides aux aidants – L’AJPA s’inscrit dans un ensemble plus large de dispositifs de soutien aux aidants. Outre le congé et l’indemnisation financière, il existe le “droit au répit” instauré par la loi d’Adaptation de la Société au Vieillissement : une aide ponctuelle pouvant financer quelques jours de relais (hébergement temporaire de la personne aidée, aide à domicile) lorsque l’aidant a besoin de souffler.
Les aidants peuvent également bénéficier de don de jours de repos entre collègues dans certaines entreprises, ou de dispositifs de soutien psychologique, de formation (par ex. des formations pour aidants sont offertes par des associations ou la CNSA). Le compte personnel de formation (CPF) peut d’ailleurs être abondé par l’employeur ou la branche pour un salarié en congé proche aidant, afin qu’il se forme pendant ou après son congé. Enfin, n’oublions pas que l’aidant peut chercher du soutien auprès de la MDPH ou de sa CAF pour d’autres aides éventuelles, et auprès des associations de proches aidants pour partager son expérience et obtenir des conseils.
> Cliquez pour en savoir plus sur Azur Santé Plus.
> Notre zone d’intervention : Nice, Grasse, Cagnes sur mer, Beausoleil, St Laurent du var, Cannes, Antibes, Vence, Menton, Villeneuve Loubet, Cap d’ail…
> N’hésitez pas à nous contacter pour tout renseignement : pour toute question relative à ces éléments, vous pouvez nous contacter par téléphone ou via notre formulaire.
> Cliquez pour en savoir plus sur l’aide à la personne en situation de handicap.
> Nos agences sont à votre disposition pour tout renseignement. Découvrez nos agences d’aide à la personne handicapée à Nice, aide à la personne handicapée à Grasse, aide à la personne handicapée à Cagnes sur mer, aide à la personne handicapée à Beausoleil.
> Découvrez également :
– Les signes que votre proche a besoin d’une aide à domicile
– Services à la Personne : Découvrez les agréments qualité, conventionnements et normes relatifs à Azur Santé Plus